15 mai 2023
Jan Laplasse, chef de service communication IRE
Cet article a été écrit en réaction à l’article ‘Wil Europa bedrijven versterken of administratief bezwaren’ d’Ignace Van Doorselaere (De Tijd, 19 avril 2023)
L'auteur de l'article d'opinion, l'entrepreneur Ignace Van Doorselaere, considère le reporting ESG bientôt obligatoire et l’audit de ce dernier comme un dédale bureaucratique et coûteux. Selon lui, les gagnants sont "principalement les cabinets d'audit et les avocats". Les entreprises, dit-il, sont une fois de plus les perdantes et semblent être de plus en plus victimes d'un "monstre administratif, dirigé par des bureaucrates qui organisent des réunions sans fin et inventent des règles".
Cela me semble être une position très peu nuancée qui ignore à la fois une demande claire de la société de communiquer de manière plus transparente sur les performances non financières (cette tendance existe depuis des années) et une réalité qui ne peut plus être inversée. La directive CSRD est un fait et le législateur est certainement conscient de l'énergie nécessaire à sa mise en œuvre.
La directive CSRD exigera bientôt des grandes entreprises qu'elles fassent les efforts nécessaires pour communiquer sur bien plus que leurs résultats financiers traditionnels. Les aspects environnementaux, sociaux et de gouvernance sont trois éléments tout aussi nécessaires. La directive a été minutieusement préparée et a franchi toutes les étapes démocratiques pour finir par être votée au Parlement européen et aboutir à une nouvelle réglementation qui suit l'air du temps et répond aux attentes de nombreuses parties prenantes, qu'il s'agisse des consommateurs, dont les attentes sont plus élevées, ou des investisseurs, dont le besoin d'informations transparentes est plus important. Les petites organisations ont d'ailleurs encore un peu de temps pour s’y préparer. La société évolue, les attentes sont mises à jour, la vulnérabilité à la fraude (écoblanchiment) augmente et la réglementation doit s'adapter en conséquence.
L'auteur de cet article d'opinion semble surtout considérer de manière unilatérale les charges à court terme, perdant de vue les avantages à plus long terme. Le reporting ESG en dit long sur la vision à long terme ou la gestion de l'entreprise et donc sur sa capacité à affronter l'avenir. C'est important, me semble-t-il, pour la stabilité de l'économie.
Ne considérez pas l'obligation future d’élaborer un rapport de durabilité uniquement comme un travail réglementaire de plus. Une meilleure compréhension des facteurs non financiers présente souvent des avantages clairs pour les entreprises. Un audit indépendant de ces facteurs par un réviseur d’entreprises, à l'instar d'un audit financier, va encore plus loin et fournit une assurance supplémentaire qui porte ses fruits :
La directive CSRD a été votée. Les États membres la transposeront en droit national d'ici quelques mois. Il s'agit d'une bonne mesure qui, à long terme, rendra notre économie plus saine et plus compétitive dans un monde en constante évolution où la fraude, la corruption, les fausses informations et l'insécurité sont de plus en plus omniprésentes. Le match est lancé, mais il a encore besoin d'un bon arbitre.
Cher Ignace, au football, ce ne sont jamais les bureaucrates qui gagnent, mais l'équipe dont les joueurs sont les plus en forme. Il vaut mieux que le match soit mené par des arbitres expérimentés et neutres, dont les mérites sont régulièrement évalués par un organisme tout aussi indépendant. Commençons ce match ensemble. Les réviseurs d'entreprises sont déjà en train de s'entraîner (sans frais pour les entreprises) et seront prêts à temps pour le coup d'envoi.