19 novembre 2021

A l’occasion de la publication de la Communication du Collège de Supervision des Réviseurs d’Entreprises (CSR) sur l'importance et les quatre caractéristiques d'un dossier d'audit bien documenté, le Secrétaire Général de l’Institut des Réviseurs d’Entreprises (IRE), Monsieur Marc Bihain, a rencontré la Secrétaire Générale du CSR, Madame Ann De Roeck.

Vous trouverez ci-après le compte-rendu de cet entretien.

 

MB : Madame la Secrétaire Générale, voici maintenant un an que vous avez pris en main les rênes du CSR. Pourquoi avez-vous décidé de publier cette communication concernant l’importance de la documentation des dossiers d’audit ?

 

ADR :

'Le Collège veille à travers ses contrôles à améliorer de façon continue la qualité de l’audit légal en Belgique et ce, dans l’intérêt général au profit de tous les stakeholders (actionnaires, créanciers, clients, fournisseurs, employés notamment) de notre pays. 
A travers sa communication, le Collège souhaite agir de façon préventive et augmenter ainsi la transparence au sujet de ses attentes dans le cadre du contrôle de qualité périodique. Une telle communication permet de faire un zoom plus rapide sur des constats récurrents qui préoccupent le Collège et de partager ainsi ses expériences. Les résultats de nos contrôles sont bien entendu aussi repris dans le rapport d’activités annuel.'

MB : Pourquoi avoir choisi ce thème ?

 

ADR :

'La qualité des audits repose sur l’indépendance, le professionnalisme, le jugement professionnel et l’esprit critique des réviseurs d’entreprises, mais aussi sur le respect du cadre normatif mis en place par le législateur et l’IRE. Tant la loi du 7 décembre 2016 que les International Standards on Auditing (ISA) sont particulièrement claires au sujet des obligations en matière de documentation des dossiers d’audit. Or trop souvent, le Collège constate que les dossiers d’audit sont perfectibles. Soit un réviseur d’entreprises a réalisé les contrôles nécessaires, mais n’arrive pas à les démontrer, ce qui est dommage ; soit ces travaux n’ont pas été réalisés. Ou encore le dossier ne permet pas de comprendre l’approche et les démarches suivies: l’audittrail ressemble parfois à un col de montagne brumeux où un guide expérimenté risque de se perdre.'

MB : Si on revient sur le fond du dossier, pourquoi la documentation supportant les dossiers d’audit est-elle si importante aux yeux du Collège ? Ne s’agit-il pas d’un pur formalisme ?

 

ADR :

'C’est tout le contraire. Une documentation complète, claire et précise doit faire partie de l’ADN de tout réviseur d’entreprises et est essentielle pour obtenir un dossier d’audit de qualité. C’est en tout cas le moyen par excellence de démontrer les travaux de contrôle réellement effectués et ce dans le respect des normes. Sinon, le réviseur d’entreprises risque de se heurter au principe « not documented, not done ». De plus, ce dossier d’audit est aussi à son profit : pour garder la maitrise des travaux d’audit, seul ou en équipe, ou encore dans le cadre de la révision par un EQCR ou un reviewer, dans le cadre de la supervision du Collège ou encore d’un litige en responsabilité devant un tribunal.'

MB : Quelle est la recette d’un bon dossier de contrôle pour un réviseur d’entreprises ?

 

ADR :

'Consignez toutes les étapes pertinentes de votre contrôle et leur cohérence mutuelle d’une façon logique; sauvegardez une justification suffisante des choix opérés selon votre jugement professionnel ; Ensuite, reprenez les travaux d’audit réalisés avec un degré de détail suffisant et, finalement, veillez à ce que le dossier soit complet et bien ordonné, éventuellement avec des références croisées et un fil rouge de l’audit traçable. Évidemment, il y a lieu de tenir compte de la nature, de l’ampleur et de la complexité des activités de son client et des risques y afférents.
Comme pour des recettes de cuisine : facile à dire et pas toujours à réaliser car le temps est précieux et fugace.'