30 octobre 2024
Patrick Van Impe (Voorzitter IBR) et Alexia Cauwe (Algemeen Afgevaardigde ICCI)
La Journée du Révisorat de cette année avait pour thème : « Le réviseur d’entreprises, maillon indispensable d’une bonne gouvernance ». Organisée dans le cadre boisé du MIX Brussels le 2 octobre dernier, cette édition qui a réuni plus de 250 participants, a permis aux réviseurs d’entreprises ainsi qu’aux autres parties prenantes de réfléchir ensemble à l’avenir de notre métier.
Les quatre workshops en matinée ont mis en lumière plusieurs aspects de la bonne gouvernance, que ce soit :
Dès l’ouverture de la séance plénière, les interventions des orateurs principaux ont souligné la position unique que nous occupons dans l’écosystème économique. Nous, réviseurs, avons la responsabilité d’assurer la transparence et la fiabilité des informations financières des entreprises, des institutions et d’autres entités. Cela fait de nous les gardiens de la confiance dans un monde où les décisions financières sont de plus en plus complexes et interconnectées.
Le discours de M. Amid Faljaoui, directeur de Trends-Tendances, a offert sa vision d’homme de média, mettant en exergue les exigences actuelles, notamment en ce qui concerne l’intelligence artificielle. Mme Hilde Laga, avocate éminente et administratrice chevronnée dans diverses sociétés belges, a quant à elle généreusement partagé son expérience des conseils d’administration.
Le panel de discussion sur la "Bonne Gouvernance : un levier pour l’entrepreneuriat", modéré par M. Marc Bihain, Secrétaire général de l’IRE, a apporté des idées clés sur l’importance d’un bon équilibre entre les différents acteurs au sein des entreprises. Nos panélistes, dont M. Pieter Timmermans, M. Thierry Geerts, et M. Damien Walgrave, ont partagé des perspectives variées notamment sur l’impact des évolutions de l’intelligence artificielle, sur l’ESG et sur la manière dont la gouvernance est mise en œuvre peut être un moteur, ou dans certains cas un frein, pour la croissance économique.
En tant que réviseurs, nous sommes au cœur de cette dynamique. Nous intervenons non seulement pour garantir l'image fidèle des informations financières, mais aussi pour soutenir l’éthique et la gouvernance des entreprises. Ce rôle nous impose de respecter les plus hautes normes d’indépendance et d’éthique, afin de maintenir la crédibilité et la confiance que les parties prenantes placent en nous.
Cependant, il est essentiel de rappeler que la responsabilité de la gestion des entreprises incombe avant tout à leurs organes d’administration. Les réviseurs d’entreprises ne peuvent en aucun cas compenser une mauvaise gouvernance ou des processus de contrôle interne défaillants. A l’instar du « single audit » au niveau du secteur public, cela souligne la nécessité de lignes de défense solides, dans laquelle chaque acteur joue pleinement son rôle.
Alors que nous regardons vers l'avenir, la prochaine grande réforme de l’audit sera un moment clé pour notre profession. Il sera impératif que cette réforme prenne en compte la gouvernance des différentes lignes de défense au sein des entreprises. C’était d’ailleurs une des conclusions majeures apparue dans le cadre de la consultation publique organisée par la Commission européenne en février 2022 : si une nouvelle réforme de l’audit doit intervenir au niveau européen, le renforcement de la gouvernance des entreprises doit constituer une priorité.
Les rôles et responsabilités de l’organe d’administration, des comités d’audit, du contrôle interne et de l’audit interne devront être soigneusement intégrés dans cette réflexion. L’audit externe, en tant qu’intervenant ultime dans la chaîne de contrôle, ne peut à lui seul combler les lacunes éventuelles rencontrées au niveau des organes de gestion.
Il convient donc de réduire l’« expectation gap » – cet écart entre les attentes des parties prenantes et ce que l’audit peut réellement accomplir.
En particulier, la responsabilité en cas de fraude incombe en premier lieu à l’organe d’administration qui peut par exemple décider de mener des audits forensiques. Il importe dès lors de bien définir les frontières entre les rôles et responsabilités de chacun pour que l’audit externe puisse s’exercer efficacement, sans devenir un substitut à une gouvernance déficiente.
La Journée du Révisorat a mis en lumière non seulement les défis techniques auxquels nous faisons face comme le développement exponentiel de l’intelligence artificielle, mais aussi les opportunités de transformation de notre profession.
Pour répondre aux attentes grandissantes, il est primordial de rester fidèles à nos valeurs d’indépendance et d’éthique, tout en nous adaptant aux évolutions qui impactent la gouvernance des entreprises, par exemple en prenant en compte les nouvelles stratégies ESG et les nouvelles technologies.
Nous devons également anticiper la prochaine réforme de l’audit en veillant à ce que chaque ligne de défense, des services opérationnels pilotés par l’organe d’administration à l’audit externe en passant par l’audit interne, soit efficace et parfaitement intégrée.
Ensemble, grâce à des interactions réfléchies et à un dialogue fluide entre les différentes lignes de défense, nous continuerons à jouer le rôle de « maillon indispensable » dans la stabilité et la croissance des entreprises, en demeurant des acteurs clés de l'entrepreneuriat.
Il est donc crucial de nous positionner comme une profession ouverte, curieuse, et à l’écoute des autres parties prenantes de l’entreprise. Nos rôles et responsabilités sont certes distincts, mais travailler en silo serait une erreur. Nous avons tout à gagner d’une collaboration étroite et harmonieuse, qui renforce la gouvernance et crée de la valeur à long terme.
Inge Vanbeveren, secrétaire générale adjointe IRE