30 mai 2024
Steven De Blauwe – Senior advisor Réglementation IRE
Le 16 mai, la conférence internationale de l'EFAA (European Federation of Accountants and Auditors for small and medium-sized enterprises), présidée par Salvador MARIN, a été organisée dans les locaux de l'IRE et de l'ITAA à l'occasion du 30e anniversaire de l'EFAA.
La conférence a débuté par les remarques d'ouverture, où Patrick VAN IMPE, président de l'IRE, a indiqué que l'une des principales priorités de l'IRE est la transposition fluide de la directive CSRD dans le droit belge. Dans ce cadre, les audits ESG devraient toujours être effectués de manière indépendante, rigoureuse et professionnelle. En outre, les efforts de communication de l'IRE sont essentiels pour rendre le métier de réviseur d’entreprises plus visible et plus attrayant aux yeux des étudiants et des jeunes talents qui se destinent indéniablement à la profession. Bart VAN COILE, président de l'ITAA, a ensuite déclaré qu'il était primordial de protéger les PME contre les réglementations et les normes disproportionnées et de promouvoir l'extensibilité de ces normes (principe "Think Small First"), conformément au point de vue de l'EFAA.
Au cours de la première session de la conférence, un panel d'anciens présidents de l'EFAA (Federico DIOMEDA, Bodo RICHARDT et Salvador MARIN) a discuté de l'évolution de la profession de réviseur d’entreprises et de comptable. Ils se sont concentrés plus particulièrement sur les petites et moyennes entreprises (PME),sur le rôle central des organismes professionnels nationaux d'audit et de comptabilité et sur les cotisations de l'EFAA aux PME au cours des trois dernières décennies. En particulier, l'adhésion de l'EFAA au Supervisory Board de l'EFRAG et l'introduction par l'EFAA du terme « trickle down effect » ont été citées comme des évolutions importantes. En outre, le débat a porté sur les défis et les opportunités qui attendent les PME à l'avenir, les trois principaux étant la durabilité, la numérisation et l'intelligence artificielle.
Ensuite, le tout nouveau CEO de l'IFAC, Lee WHITE, a pris la parole pour évoquer l'avenir de la profession, en soulignant les opportunités mais aussi les défis à venir, en mettant l'accent sur la transformation de la durabilité, la numérisation et l'IA, ainsi que sur l'attractivité de la profession. Il a également souligné l'importance cruciale de la communication, tant en interne, avec les membres, à savoir les réviseurs/comptables individuels, qu'en externe, envers les parties prenantes et la société.
La deuxième session a porté sur les implications pour les PME de l'essor de l'intelligence artificielle (IA), y compris la conformité avec les nouvelles réglementations et les règles d'éthique, ainsi que la meilleure façon de déployer la technologie dans l'arène opérationnelle et de prestation de services. Elinor WAHAL, collaboratrice juridique et politique à la Commission européenne, a fait une présentation sur les développements au sein de la Commission européenne et sur l'état de la réglementation européenne en la matière, en mettant l'accent sur le règlement sur l'IA tel qu'approuvé par le Parlement européen le 13 mars 2024. Le fil conducteur du débat était que les PME veulent des outils pour les aider à travailler plus efficacement et qu'une véritable opportunité a été créée par l'IA, mais que l'IA doit également être manipulée avec prudence, car l'IA peut certes assister, mais ne peut pas décider.
Après la pause déjeuner, la troisième session s'est concentrée sur la progression rapide de l'agenda de la durabilité et sur les défis et opportunités que cela représente pour les PME. Il a été question en particulier de la fourniture de services liés à la durabilité, tels que le conseil, la comptabilité et l'assurance, ainsi que de l'intégration de la durabilité dans leurs propres opérations. Eric VAN HOOF, vice-président de l'IRE, a délivré un message clé au cours de ce débat : la meilleure façon de parler d'informations de durabilité avec les PME familiales est d'engager d'abord une conversation sur leurs valeurs, car c'est précisément l'aspect qui rassemble la PME familiale et toutes les entreprises de sa chaîne de valeur (par exemple, ses fournisseurs, ses clients, ses banques, d'autres parties prenantes). Quelle différence ces acteurs font-ils exactement ? Ensuite, nous pouvons passer à la définition de 4 à 5 indicateurs clés de performance (key performance indicators (KPI) sur l'ESG et, dans un premier temps, pas plus. Quoi qu'il en soit, une PME devra fournir des informations sur la durabilité, car les banques et les grandes entreprises en ont besoin de la part de leur chaîne de valeur. Cela sera imposé par le renouvellement des contrats ; autrement, ces entreprises changeront de fournisseur. Le système est, en quelque sorte, autorégulé.
Néanmoins, il convient de veiller à ce qu'une seule norme volontaire d'information de durabilité pour les PME (VSME) soit adoptée afin de fournir une bonne base et d'éviter ainsi de devoir recruter une équipe d'experts en matière de développement durable. En tout cas, le prestataire d'assurance indépendant doit se concentrer sur la transparence de l’information en matière de durabilité de l’entité auditée.
L’avant-dernière session a été consacrée à l'avenir du comptable fiscal (conseiller fiscal). Plus précisément, la manière dont le rôle du comptable fiscal a évolué et est susceptible d'évoluer à l'avenir a été abordée. Le président de l'ITAA a évoqué la nécessité d'un alignement en Europe de la protection de l'activité de conseil fiscal. Actuellement, toute personne peut fournir des conseils fiscaux sans titre protégé, sans contrôle de qualité, sans obligations AML et sans secret professionnel. Cependant, la profession de comptable-fiscaliste a un bel avenir devant elle, avec la facturation électronique, l’ESG et les nouvelles technologies telles que l'intelligence artificielle, ce qui est attrayant pour les jeunes qui sont également désireux de se former tout au long de leur vie. Néanmoins, la protection des données doit être prise en compte, car l’administration fiscale et le conseiller fiscal disposeront à l'avenir d'un nombre encore plus important de données.
Enfin, la dernière session, consacrée à l'attractivité de la profession, a donné lieu à un échange de points de vue et d'expériences. Le président d'Accountancy Europe, Marc VAESSEN, a délivré un message important : nous faisons tous collectivement partie de la solution et nous ne sommes pas seuls. Une étude de l'UGent a montré que la jeune génération trouve que l'éthique, le professionnalisme et la pertinence sociale de la profession, avec l'extension au reporting ESG et à l'impact social, sont particulièrement attrayants dans la profession de réviseur d’entreprises. En outre, l'audit est présent dans tous les secteurs : de la finance à l'art, en passant par l'agriculture et les ONG. Enfin, Marc VAESSEN a souligné l'importance de la marque et de l’aspect immatériel de l'audit, ainsi que le fait que la profession d'audit devrait respecter l'adage « walk the talk » dans son approche de l'éthique, de la politique de voyage, etc.